Malgré d’inspirantes luttes de masse contre l’oppression, les droits et les conditions de vie des femmes et des personnes queers se détériorent. Il est temps d’en tirer les conséquences jusqu’au bout: la lutte des femmes est une lutte de classes ! Le capitalisme doit périr pour que nous puissions enfin vivre librement ! 

Les premières manifestations du 8 mars ont eu lieu en 1911, à l’initiative de la socialiste allemande Clara Zetkin. Lors de la Journée de lutte des travailleuses, les gens se sont battus pour l’égalité des droits, mais aussi pour l’égalité réelle et matérielle et le renversement du capitalisme. Les communistes brandissent fièrement cette bannière aujourd’hui.

Les attaques se multiplient

L’année dernière, l’âge de la retraite pour les femmes a été relevé, alors que les travailleuses sont fortement désavantagées dans la vie professionnelle. Depuis le Covid, la pauvreté en Suisse a beaucoup augmenté. Les épiceries Caritas ont récemment publié leurs chiffres de l’année dernière. Plus de clients et 11 % de ventes en plus ont été enregistrés. Les couches qui se trouvent déjà au seuil de pauvreté sont les premières touchées : les femmes et les migrants. Les mères célibataires et les femmes âgées sont particulièrement atteintes par la pauvreté. La plupart des femmes sont reléguées au travail à temps partiel car la Suisse est très en retard en matière de garde d’enfants. Une place en garderie à temps plein coûte en moyenne 26 % des revenus – et cela finit dans les poches d’exploitants de crèches qui dans les faits sont orientés vers le profit.

Ces dernières années, la violence domestique et sexuelle a également augmenté. Les violences à caractère sexiste sont en augmentation depuis 2010 et ont atteint un nouveau record en 2022. Les violences domestiques ont augmenté de 3,3 % en 2022. L’organisation faîtière des refuges pour femmes tire la sonnette d’alarme : les refuges reçoivent de plus en plus d’appels, mais n’ont pas plus de capacité. En Suisse, l’offre de refuges pour femmes est de toute façon insuffisante : il n’y a qu’un seul foyer pour filles (celui de Zurich !) et rien pour les personnes queers ou les femmes handicapées ou souffrant de maladies mentales. C’est particulièrement grave car les maladies mentales ont beaucoup augmenté, notamment chez les jeunes femmes : 9 % des 15-24 ans déclarent présenter des symptômes graves et 20 % déclarent des symptômes modérés. Ces statistiques confirment ce que toutes les femmes ressentent depuis des années : ça ne s’améliore pas, ça empire !

La cause : le système capitaliste

Cette détérioration est l’expression de la crise profonde du capitalisme. Ce système est de moins en moins capable de garantir un niveau de vie acceptable à la classe ouvrière. Les femmes, qui constituent l’un des groupes les plus vulnérables, sont les premières touchées. Mais en fin de compte, c’est toute la classe ouvrière qui souffre du déclin de ses conditions de vie. L’AVS en est un exemple : l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes n’était qu’une première étape – maintenant une augmentation de l’âge de la retraite pour tous est à l’ordre du jour. L’ensemble de la classe ouvrière, quel que soit son genre, a un intérêt commun à riposter.

Pour dissimuler cet intérêt commun, la classe capitaliste au pouvoir s’appuie sur les divisions. Elle tente de diviser la classe ouvrière sur la base du genre, de l’origine, des valeurs religieuses, etc. afin d’empêcher une lutte commune. Ils mobilisent les sections les plus conservatrices de la classe ouvrière contre les autres sur des questions telles que le droit à l’avortement et les droits des personnes transgenres et homosexuelles. Les capitalistes financent les campagnes des politiciens conservateurs avec des milliards afin qu’ils répandent un poison réactionnaire. La lutte des classes est censée être ainsi détournée vers une voie plus sûre – pour la classe dirigeante – une lutte culturelle. Les femmes et les homosexuels servent alors de boucs émissaires pour les problèmes d’un système qui s’effondre.

Mais ces attaques réactionnaires provoquent à leur tour indignation et colère. Les jeunes femmes en particulier ne sont plus prêtes à accepter l’oppression et le sexisme. Cela s’est vu après la décision sur le droit à l’avortement aux États-Unis. Des millions de personnes ont participé à des manifestations de solidarité à travers le monde. Lors de la grève des femmes suisses en 2019, plus d’un demi-million de personnes étaient descendues dans la rue. Rien n’a changé. Les succès apparents (plus de femmes au parlement et aux postes de direction) et les quelques améliorations réelles (congé de paternité et mariage pour tous) pâlissent en comparaison des détériorations. Pour lutter contre l’oppression des femmes, nous avons besoin de mobilisations majeures, mais aussi d’un programme qui montre le chemin pour y arriver.

Ce dont les travailleuses ont besoin aujourd’hui pour compenser la pression croissante qu’elles subissent, ce sont des crèches et garderies gratuites, des refuges pour femmes bien financés et des logements pour tous. Il faut également des salaires décents sans discrimination et une réduction du temps de travail hebdomadaire sans perte de salaire afin de permettre de concilier travail et famille. En outre, nous avons non seulement besoin du droit à l’avortement, mais également d’un accès sans restriction aux services de santé, c’est-à-dire d’un système de santé totalement public et gratuit, y compris pour la santé mentale. Nous avons besoin de rentes plus élevées et d’un système de retraite public pour que les femmes puissent vivre de manière indépendante et digne même lorsqu’elles sont âgées.

Toutes ces mesures sont absolument nécessaires aujourd’hui. Elles libéreraient enfin matériellement les femmes des hommes. Cela éliminerait le terrain fertile pour la violence et les préjugés. Entre pouvoir quitter un partenaire violent, ou être forcée de choisir entre violence ou pauvreté et sans-abrisme, ça fait une vraie différence.

Ces améliorations sont également nécessaires aujourd’hui pour maintenir et améliorer le niveau de vie de l’ensemble de la classe ouvrière. Les femmes et hommes de la classe ouvrière ont un intérêt commun à lutter pour cela.

Notre lutte commune, c’est la lutte des classes

Comment ces demandes urgentes peuvent-elles être mises en œuvre aujourd’hui ? La richesse nécessaire existe. Mais les capitalistes qui engrangent toutes les richesses ne sont pas prêts à payer pour de telles choses. Le niveau de vie de la classe ouvrière, de la grande majorité de la société, ainsi que les droits et la sécurité des femmes et des homosexuels ne les concernent pas. Pour eux, seul le profit compte.

La lutte contre l’oppression est une question de classe. En fin de compte, c’est la classe dirigeante qui profite de l’oppression des femmes – à travers la surexploitation et la division – et non les travailleurs hommes. Ces derniers ont intérêt à lutter avec l’ensemble de la classe ouvrière pour les améliorations nécessaires, comme la gratuité des soins de santé, etc. Au contraire, avec le « comité des femmes » de l’alliance NON à la 13ème rente AVS, les femmes bourgeoises ont encore prouvé, en cas de doute, qu’elles se rangent dans le camp du capital et non celui des femmes de la classe ouvrière !

Le réformisme et la politique de la représentation, c’est-à-dire espérer qu’élire quelques femmes en plus au parlement va permettre d’obtenir des améliorations, se sont révélés totalement impuissants. Si les capitalistes ne sont pas prêts à payer, alors nous devons les exproprier et prendre la société en main. Dans une économie démocratiquement planifiée, tous les travaux ménagers pourront être socialisés : crèches publiques, blanchisseries, cantines, maisons de retraite, etc. Tout cela peut être mis en œuvre ! Mais pas dans ce système : le renversement du capitalisme est nécessaire. Les premières années qui ont suivi la révolution russe ont montré ce qui était possible (voir p. 10).

Nous pouvons obtenir des améliorations aujourd’hui. Pour y parvenir, la classe ouvrière doit recourir à des mesures de lutte radicales telles que les grèves. C’est dans la pratique que les intérêts communs s’affirment et que les préjugés sont surmontés. Toutes les grèves et mouvements révolutionnaires le prouvent. Lorsque tu te bats aux côtés de tes collègues de travail, cela devient clair : toute division est nuisible. Tu ne bénéficies pas des salaires inférieurs du salarié étranger. C’est ton patron qui en profite ! Et cela fait baisser les salaires de tout le monde. Le mouvement de masse en Iran en 2022 en est également un exemple impressionnant. Il a commencé comme une lutte des femmes contre leur oppression, mais rapidement des sections de la classe ouvrière s’y sont solidarisées et ont risqué leur vie avec des grèves de solidarité ! Et ce dans un pays plein de sexisme.

Pas d’illusions dans ce système

Plus de 500 000 personnes ont participé à la grève des femmes. Des cercles encore plus larges ont observé ces mouvements. Ils ont tous vu comment les dirigeants des partis réformistes et les femmes libérales ont gaspillé un énorme potentiel de lutte. Et comment la politique identitaire l’a détourné vers des « canaux sûrs » : l’individualisme, le changement de langage et la politique symbolique. Cela montre une fois de plus à quel point l’oppression des femmes est profondément enracinée dans la société et qu’il n’existe pas de raccourcis. Mais ce n’est pas une raison d’être pessimiste – pour autant que les bonnes conclusions soient tirées.

Il existe aujourd’hui une couche croissante pour laquelle il est tout à fait clair qu’une fin à l’oppression ne sera possible qu’avec la transformation fondamentale de la société. Ils se dirigent consciemment ou inconsciemment vers le communisme et veulent se battre. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un programme et d’une organisation communistes sans compromis, afin de pouvoir entrer dans la lutte dès aujourd’hui.

La décision de se lancer aujourd’hui dans la construction d’un parti ouvertement révolutionnaire et communiste est la conclusion logique des expériences de lutte de ces dernières années – dans un pays encore extrêmement en retard sur la question des femmes.

Le PCR ne se fait aucune illusion sur la possibilité de mettre fin à l’oppression dans le cadre de ce système barbare. Nous n’essayons pas de le rendre plus joli, que ce soit en le repeignant en rose ou en arc-en-ciel. La force motrice de ce système est l’exploitation et l’oppression. Cela empoisonne toutes les relations humaines. Seules les méthodes de lutte des classes et la lutte unie de la classe ouvrière peuvent renverser ce système, jeter l’oppression des femmes et les rôles de genre stéréotypés et réactionnaires aux poubelles de l’histoire et, pour la première fois, jeter les bases de relations véritablement humaines.

Le PCR mène la lutte contre l’oppression des femmes avec sérieux : en tant que partie intégrante de la lutte contre l’ensemble du système. Avec le PCR, tu es prêt à te battre dès aujourd’hui. Premièrement, nous défendons le programme politique contre l’oppression des femmes le plus puissant, le plus cohérent et historiquement éprouvé : le programme communiste. Et deuxièmement, avec le PCR, tu as un parti pour te soutenir. Ces deux choses te permettront, précisément quand les autres à côté de toi serrent les poings dans leurs poches, de te dresser, de prendre les devants et d’assumer ta responsabilité historique.

Les prochaines mobilisations de masse viendront – ​​en conséquence des attaques qui ont lieu aujourd’hui. Pour garantir que celles-ci ne puissent pas être détournées vers des voies sûres, nous devons défendre les conclusions correctes dans ces mouvements et dans toutes les luttes. C’est à toi, là où tu es actif, dans les manifestations, écoles, universités et entreprises, de t’attaquer à cette tâche et de construire une cellule de communistes convaincus.